Compagnons bâtisseurs
Bailleur social : Comment améliorer l’habitat tout en luttant contre l’isolement social des seniors ?
Depuis 2019, les Compagnons Bâtisseurs vont à la rencontre des locataires seniors des résidences de Paris Habitat. Le Bricobus, dispositif itinérant, permet de proposer aux habitants de plus de 65 ans une aide aux petits travaux d’entretien du logement qu’ils ne peuvent pas réaliser eux-mêmes. Florian MAILLEBUAU, Directeur des politiques sociales chez Paris Habitat, revient sur les enjeux et le fonctionnement de l’action du “Bricobus Seniors” à Paris.
Un dispositif bénéfique pour les habitants et le bailleur
Les bénéficiaires de l’intervention du Bricobus sont des seniors, majoritairement en situation de fragilité sociale et d’isolement.
“L’activité du Bricobus est centrée aujourd’hui sur les quartiers politiques de la ville où la majorité des seniors sont en fragilité de ressources.” explique Florian MAILLEBUAU.
Le Bricobus, aménagé en atelier de bricolage mobile, propose une aide aux petits travaux à tous les habitants des résidences de Paris Habitat, sans reste à charge.
“Le seul critère est d’avoir plus de 65 ans. Chez Paris Habitat, cela représente quasiment 40 % de nos locataires. Et parmi ces seniors, plus de la moitié ont de très faibles ressources.”
Cette surreprésentation d’une population âgée parmi les occupants des résidences de Paris Habitat oriente les défis auxquels doit faire face le bailleur.
“On a deux enjeux en tant que bailleur : prévenir les situations de perte d’autonomie et lutter contre l’isolement. L’intervention des équipes du Bricobus va concourir à recréer un lien social et de confiance avec ces locataires, et à les mettre en relation avec des associations du quartier. Elles permettent d’identifier des besoins sociaux ou des fragilités sociales sur lesquelles intervenir.”
Du remplacement d’une ampoule à la réparation d’une tringle à rideau, en passant par la rénovation des joints dans la salle de bain, ces interventions relèvent parfois initialement de la responsabilité du locataire. Paris Habitat y trouve quand même un intérêt.
“Les petits travaux réalisés sont d’une qualité d’intervention technique professionnelle et sont intéressants pour le bailleur. Ce sont des interventions qui permettent d’une part de prévenir les risques pour les personnes et de prévenir la détérioration du bâtiment. Le patrimoine est mieux conservé, avec par exemple moins de risques d’infiltration ou de fuite d’eau.”
Apporter largement une expertise sociale et technique
Pour Paris Habitat, l’enjeu était clair : proposer une solution accessible et adaptée aux besoins des locataires âgés. Un Atelier de Quartier fixe aurait pu poser des contraintes importantes, notamment en termes de déplacements pour les habitants. C’est dans ce contexte que le choix du Bricobus a pris tout son sens. Comme l’explique Florian MAILLEBUAU :
“Le fait que le Bricobus soit itinérant nous permet d’atteindre plus de personnes. Un des enjeux était de pouvoir intervenir sur un large territoire. De plus, il fallait qu’on leur propose un dispositif où on est à leur disposition, où on va chez eux. On peut difficilement leur proposer quelque chose qui génère de la fatigue et un déplacement à l’extérieur de chez eux. L’intérêt était de faire ce dernier pas jusqu’à aller dans le logement.”
Au-delà de l’accessibilité, ce partenariat repose également sur une approche unique qui combine accompagnement social et compétences techniques. Cette double expertise est rare et particulièrement précieuse dans le cadre de l’entretien des logements.
“Ce qui nous a convaincu d’initier ce partenariat, c’est de travailler sur cet enjeu social et l’entretien technique. Des associations ayant une expertise forte dans le champ social, il y en a beaucoup. Des intervenants techniques dans le milieu de l’artisanat, il y en a encore plus. Par contre, des organismes qui ont cette double casquette, et qui interviennent en même temps sur le volet technique et le volet social, il y en a peu. D’où l’intérêt de travailler avec les Compagnons Bâtisseurs.”
Avec le Bricobus, Paris Habitat s’assure non seulement de répondre aux besoins techniques de ses résidences, mais aussi de renforcer le lien social et d’accompagner les locataires dans l’appropriation de leur logement.
Focus : le déroulement d’une intervention dans une résidence
Chaque intervention sur une résidence est programmée avec les équipes locales (gardien, gérant, chargé de développement local, etc.), et se déroule sur deux semaines en trois étapes : le porte-à-porte, l’intervention sociotechnique et le temps convivial.
“Souvent, on identifie bien la seconde phase, celle où les petits travaux vont se réaliser et où l’intervenant social va dialoguer avec le locataire pour identifier ses besoins sociaux. Mais les deux autres phases sont aussi essentielles pour nous, en tant que bailleur social. La première est la phase de porte-à-porte pour informer de l’action à venir et recueillir les besoins. Elle permet à ces habitants souvent isolés de se sentir écoutés et pris en considération. Et puis, pendant la troisième phase, les équipes de développement local et l’équipe du Bricobus créent un temps de convivialité qui offre aux locataires des espaces de rencontre et de sociabilité, leur permettant de prendre contact avec des associations du quartier. Pour nous, c’est extrêmement intéressant car cela prolonge l’action du Bricobus après son intervention.”
À la fin de la période d’intervention, les informations sur les habitants nécessitant un suivi social approfondi sont transmises aux conseillers et conseillères sociaux du bailleur.
Sur l’année 2024, le “Bricobus Seniors” a permis d’intervenir dans 20 résidences du patrimoine de Paris Habitat. Cela représente 226 ménages auprès desquels nous avons apporté des solutions pratiques et un soutien social, contribuant ainsi à améliorer leur qualité de vie et à renforcer le lien social au sein des résidences. Grâce à sa flexibilité et sa proximité, le Bricobus constitue une solution unique et adaptée aux enjeux spécifiques des résidences sociales, tels que la prévention de la perte d’autonomie, la lutte contre l’isolement et la préservation du patrimoine.
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